Entre ce que nous savons et ce que nous croyons savoir, entre notre vision et la réalité entrent en jeu les biais cognitifs. Et si comprendre que l'on est tous biaisés permettait aux jeunes de mieux apprendre, de bien appréhender la différence entre comprendre et apprendre? Si cela leur permettait de devenir acteurs de leurs apprentissages? C'est le pari que nous avons fait avec l'Université d'Evry... Le résultat parle de lui-même. Voici les mots de la formatrice spécialisée dans les biais cognitifs qui a éveillé les étudiants à leur existence...
Les étudiants arrivent à leur rythme dans la salle de cours de jeudi là. Il fait froid, déjà nuit et la fatigue d'un semestre presque terminé n’aide pas à motiver les étudiants. Sur la toile blanche, le rétroprojecteur retranscrit le titre de la séance : les biais cognitifs. Un coup d’œil furtif à l’écran et la plupart des étudiants repartent dans leurs pensées.
"Rapprochez vous, l’idée ce n’est pas que je vous fasse un cours magistral pendant 1h30, on va plutôt discuter ensemble, et tenter de comprendre ce que sont les biais cognitifs et comment ils peuvent interférer dans votre vie étudiante.”
Regain d’intérêt de courte durée le temps que les étudiants se placent aux premiers rangs. Trois d’entre eux ont tout de même laissé tomber leur téléphone portable et me regardent, ce sera suffisant pour commencer !
Ça vous est déjà arrivé de commencer à regarder un film et de vous rendre compte que vous l’aviez déjà vu, mais pour autant avoir été incapable de rappeler le nom des personnages ou la fin du film ? ”
Regards intrigués et hochements de tête.
Comprendre n'est pas apprendre
“C’est parce que vous reconnaissiez ce film sans pour autant tout en avoir retenu. Dis autrement, vous reconnaissiez le film mais vous ne le connaissiez pas par cœur. Cette situation on peut également la retrouver dans la vie étudiante : imaginez que vous aillez relu en boucle votre fiche-résumé, vous aviez l’impression de bien la connaître et pourtant le jour de l’examen, impossible de restituer les informations demandées. Dans ce cas, il est assez probable que le phénomène soit le même : vous avez développé un sentiment de familiarité vis à vis de ce cours, mais pour autant vous ne le connaissiez pas assez pour pouvoir le restituer sans support sous les yeux. Cette confusion entre connaissance et reconnaissance, le cerveau peut facilement en être victime, mais il existe des astuces pour éviter ce piège lors des révisions ! ”
“Moi ça m’arrive tout le temps ça Madame, en même temps, je ne vois pas comment réviser autrement qu’avec mes fiches..” me répond un étudiant.
Pour bien apprendre, il faut réactiver sa mémoire
Cette phrase, je l’ai entendu plus d’une fois de la part des étudiants à qui j’apporte de l’aide méthodologique. La fiche-résumé est vue comme le Saint Graal des révisions, et pourtant elle a ses défauts. Pour apprendre, le cerveau a besoin de se tester fréquemment, de faire l’effort d’aller chercher les informations en mémoire, sans s’aider d’une fiche de cours. Et ça, les étudiants veulent bien l’entendre, vu l’exemple qui vient d’être présenté et dans lequel certains se retrouvent. Nous nous arrêtons donc quelques minutes pour apprendre à faire une fiche qui permette de s’obliger à faire cet effort tout en gardant un support sur lequel pouvoir rapidement retrouver les informations qui n’auraient pas encore été retenues. Puis le cours enchaîne sur d’autres biais cognitifs et leurs applications en milieu étudiant : biais des couts irrécupérables, biais d’attribution, biais de conformisme, biais du statut quo ... autant de biais qui peuvent influencer négativement nos décisions et qu’il est intéressant de reconnaitre.
Finalement, ce terme de “biais cognitifs” qui paraissait obscure et sans intérêt au début de l’heure a réussi à capter l’attention des étudiants. Plus une tête rivée sur les écrans, et même l’étudiante arrivée en retard tout en gardant ses écouteurs et son manteau a petit à petit d’elle même commencé à s’intéresser au cours et à poser des questions. Le cours est officiellement terminé depuis 5 minutes mais nous continuons à discuter avec les étudiants.
“Je voyais bien que faire des fiches n’était pas suffisant, mais je ne voyais pas comment réviser autrement, on nous parle tout le temps de fiches de révision, maintenant je tenterais d’incorporer des petits tests dans mes fiches ”
“Je n’aime pas du tout ce que j’étudie mais j’avais peur de gâcher un semestre en me réorientant, je me sentais un peu bloquée, je n’avais plus envie de faire quoi que ce soit, mais peut être qu’il y a d’autres solutions et qu’il faudrait que je vois une réorientation autrement que du gâchis, je vais aller voir une conseillère d'orientation”
“ C’est vrai que j’ai parfois tendance à accuser l'enseignant, la façon de poser des questions, la formulation quand j’ai une mauvaise note, du coup je ne reprends jamais mes examens, je vais essayer de les retravailler pour comprendre où je me suis trompée”
Et comprendre les biais cognitifs à l'oeuvre
Dans nos discussions, je peux entendre que les étudiants n’ont pas seulement écouté ce que j’avais à leur dire, ils se sont réellement emparés des concepts présentés. Ils sont désormais capables de mieux comprendre le fonctionnement de leur cerveau et les biais de raisonnement auxquels ils peuvent, parfois, être confrontés. Comprendre l’importance des tests pour la mémorisation, oser poser des questions et ne pas céder au conformisme lors des cours magistraux, essayer de comprendre d’où viennent leurs erreurs pour s’améliorer : autant de conseils qui sont souvent écoutés d’une oreille puis oubliés mais qui ont pris tout leur sens une fois présentés sous le prisme des biais cognitifs. Ces étudiants ont maintenant les clés en main pour aborder leurs révisions avec plus de sérénité.
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