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Je réclame le droit d'être mère

Notre société est en souffrance, en perte de vitesse et en mal d'énergie créatrice et le système éducatif est loin d'être épargné si l'on considère les classements PISA où la France chute année après année. Plusieurs facteurs se conjuguent pour aboutir à ce triste résultat : le manque de vision, la faible innovation pédagogique, le recours limité aux avancées permises par les neurosciences, un élitisme qui paralyse notre pays donnant la part belle à l'intellect en dénigrant le corps et les métiers manuels, etc.

Je réclame le droit d'être mère
By Sandrine Dirani
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Notre société est en souffrance, en perte de vitesse et en mal d'énergie créatrice et le système éducatif est loin d'être épargné si l'on considère les classements PISA où la France chute année après année.

Plusieurs facteurs se conjuguent pour aboutir à ce triste résultat : le manque de vision, la faible innovation pédagogique, le recours limité aux avancées permises par les neurosciences, un élitisme qui paralyse notre pays donnant la part belle à l'intellect en dénigrant le corps et les métiers manuels, etc.

Des rôles et responsabilités flous entre parents et professeurs

Au nombre de ces facteurs, nous pouvons également compter une société qui ne s'assume pas et qui cultive le flou dans les rôles et responsabilités de chacun. A ce titre, les relations qui se nouent chaque année entre les parents et les professeurs sont très instructives. Les frontières sont poreuses. Chacun attend de l'autre ce qu'il croit être de son ressort et l'incompréhension se creuse de part et d'autre.

D'un côté, le corps enseignant qui déplore, à juste titre, le temps qu'il passe à "éduquer" les jeunes, temps qu'il devrait consacrer à clôturer des programmes denses dans des classes de plus en plus chargées. La transmission du savoir est ainsi minée par des problèmes de discipline, de comportements déviants et de manque de respect.

De l'autre, des parents transformés, malgré eux, en précepteurs en charge de faire réciter la leçon d'histoire, avant de s'atteler au dessin attendu par le professeur d'art plastique, en passant par l'exposé sur les armes des chevaliers au Moyen-Age et l'anthologie de poésies, que des sujets certes très passionnants mais somme toute assez éloignés, il me semble du rôle de parent.

Et si pour travailler en bonne intelligence, en harmonie et de manière efficace, on définissait clairement les rôles respectifs de chacun, parents et professeurs?

Pour reprendre les mots de François Chen dans le fabuleux livre De l'âme "l'esprit raisonne, l'âme résonne" et cette distinction me semble intéressante pour appréhender la relation parents - professeur.

Les professeurs, responsables de l'esprit des jeunes

En effet, on pourrait dire, en simplifiant, que les enseignants ont la responsabilité de l'esprit de nos jeunes. Ils doivent, à travers les différentes matières enseignées, leur apprendre à raisonner c'es-à-dire à collecter de l'information, à la trier, à l'analyser pour la restituer de manière intelligible et à bon escient. Pour cela, il appartient aux professeurs d'être des accompagnateurs dans l'acquisition du savoir en apprenant aux jeunes à développer un esprit critique, à argumenter pour pouvoir exposer leur pensée à l'écrit comme à l'oral.

Les parents, les garants de l'âme de leurs enfants

Dans cette même logique, la responsabilté du parent est d'aider son enfant à laisser son âme émerger c'est-à-dire à lui faire découvrir qui il est et ce qui l'anime pour lui permettre de trouver sa voie, celle de l'épanouissement et du sens. Pas de bonheur véritable si l'on ne sait pas le sens que l'on veut donner à sa vie. Mais voilà, cet apprentissage essentiel nécessite du temps : un temps de transmission sur les valeurs humaines, éthiques et morales, voire spirituelles et un temps de maturité car advenir demande une réelle introspection en vue de se découvrir et de devenir un être humain autonome avec une solide confiance en lui.

Et si nous laissions chacun mener à bien sa mission?

Et si, au lieu d'accabler les parents, on libérait ce temps précieux pour leur permettre d'être simplement des parents c'est-à-dire de faire grandir leurs enfants : apprendre à les connaître, les voir évoluer, respecter leurs personnalités en devenir tout en les accompagnant sur cette voie, pour ouvrir leur esprit et leur curiosité, les faire bénéficier de leur expérience, avoir des discussions sur le sens de la vie, sur l'amour, sur la relation à autrui.

Aujourd'hui, en tant que maman, je réclame le droit d'être mère.

Je ne veux plus parler de notes, de résultats, de performance avec mes enfants mais apprendre à les découvrir, à les voir eux-mêmes se découvrir, grandir et advenir. Je récuse une société  où nos enfants doivent  passer des heures à faire leurs devoirs après avoir passé huit heures sur les bancs de l'école, où les devoirs ont pris le pas sur la vie, la performance sur l'amour, l'argent sur l'Homme, le progrès supposé sur la Nature et tout ceci procède d'une même mouvance. Rendez-nous le droit d'être des parents ... rien que des parents ... et c'est déjà beaucoup !

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Présenté par: Sandrine
le 13 Mai 2019
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