L'éducation est l'avenir du monde : elle joue un rôle crucial dans la formation des futurs citoyens et dirigeants de demain. Le système éducatif français, reconnu comme l'un des meilleurs au monde il y a encore quelques décennies, est aujourd'hui en perte de vitesse dans tous les classements internationaux. L’école semble souffrir de la maladie du siècle, le zapping ! On saupoudre un peu de tout et on retire des heures d’enseignement dans les matières fondamentales. Et s'il suffisait d'une dose de simplicité et de pragmatisme pour lui permettre de renouer avec le succès d'antan ?
Revalorisation du métier d'enseignant
L'avenir de notre école est étroitement lié à celles et ceux qui la portent et à la revalorisation de leur métier. Si la hausse du salaire des enseignants est essentielle, elle ne suffira pas, à elle seule, à endiguer la fuite des enseignants, ni à combler les postes vacants. Les défis auxquels la profession est confrontée vont bien au-delà de la rémunération. Les enseignants cherchent également une reconnaissance à la hauteur de leur engagement notamment par leur institution de tutelle et un accompagnement concret pour exprimer pleinement leur vocation. Au titre de ces actions concrètes, je citerais notamment :
• la restauration de l’autorité des enseignants, auprès des élèves et de leurs familles pour une communication transparente et apaisée dans le meilleur intérêt de l’enfant.
• une formation continue de qualité et notamment, des formations sur les neurosciences et la gestion de la classe pour mieux comprendre le fonctionnement du cerveau des élèves et adapter les méthodes d'enseignement en conséquence. En effet, dans un monde qui va vite, où les écrans et leurs couleurs sursaturées règnent en maître, donner le goût d'apprendre et capter l'attention des élèves n'est pas tâche aisée.
• le mentorat de terrain entre pairs pour guider les jeunes enseignants dans leur pratique pédagogique et permettre des activités et actions communes entre les classes.
• un système de rémunération attractif et adapté à la difficulté des postes et de l’environnement.
Maîtrise des savoirs fondamentaux en primaire
Focaliser les apprentissages sur les savoirs fondamentaux
Par ailleurs, nous voulons tout (que nos enfants apprennent le chinois, à coder, à trier les déchets, à être de bons citoyens, ...) au risque, parfois, de perdre l'essentiel. Trop de jeunes font leur entrée en sixième sans maîtriser les savoirs fondamentaux. Inacceptable quand on sait que cela conditionne tout le parcours scolaire futur du jeune ! L'enseignement, en primaire, devrait exclusivement se concentrer sur l'acquisition du socle de compétences de base : écrire, lire et compter.
Réduire le nombre d'élèves par classeÂ
Pour garantir la réussite de chacun, il est primordial de réduire le nombre d'élèves par classe pour que les enseignants puissent consacrer du temps à chaque élève, mettre en place des méthodes pédagogiques adaptées aux différents profils et identifier, dès le plus jeune âge, les difficultés pour éviter qu'elles ne se transforment en blocage puis en décrochage scolaire. Le dédoublement des classes a été une mesure efficace. Il faut la développer et la pérenniser.
Les bilans annuels d’acquisition des compétences devraient être généralisés pour évaluer les notions acquises et celles à consolider. L’objectif est d’éviter que les lacunes ne s’accumulent et de proposer des remises à niveau adaptées aux difficultés de chaque enfant. Pour mettre cette mesure en place, l’Etat pourrait avoir recours au service civique et proposer des stages de remise à niveau pendant les vacances scolaires, ce qui apporterait une réponse à la problématique de la durée des vacances scolaires et renforcerait l’égalité des chances.
Favoriser les temps libres
Par ailleurs, les horaires surchargés et les devoirs à la maison laissent trop peu de place aux activités extra-scolaires (sportives et artistiques) qui apprennent à nos enfants à trouver leur place dans le groupe, à gérer leurs émotions et à développer leur créativité. Sans ces temps morts indispensables, le cerveau de nos enfants sature et l'attention en classe devient un véritable défi. De grâce, accordons plus de temps libre à nos enfants pour les laisser jouer, bouger et s’amuser !
Ouverture au monde, à la citoyenneté... et à soi au collège
Faire de nos enfants des citoyens ... du monde
Si nous voulons faire de nos jeunes des citoyens du monde, conscients de la réalité qui les entoure et des défis qu'ils auront à affronter, le collège devrait, quant à lui, être consacré à l'ouverture au monde : langues étrangères, culture générale, arts et littérature, géopolitique, sciences, autant d'univers à explorer par notre jeunesse pour qu'elle puisse développer ses capacités réflexives, son esprit critique, élargir ses horizons et découvrir ses appétences.
Développer la connaissance de soi
Car, si l'ouverture au monde est indispensable pour former des citoyens accomplis, l'enjeu du collège est de permettre à nos enfants de partir à la découverte d'eux-mêmes, de leurs forces, de leurs atouts, de leurs rêves et de leurs aspirations. Dans un monde où 80% des métiers de demain n’existent pas encore, la connaissance de soi, la faculté d’apprendre à apprendre et l’adaptabilité, sont, sans aucun doute, des compétences à acquérir. A ce titre, il serait intéressant, au-delà du parcours académique, de multiplier les expériences auxquels ils pourraient être confrontés : s'investir dans le monde associatif pour développer l'empathie et favoriser la solidarité, découvrir des métiers avec des professionnels passionnés et encourager les stages en entreprise, ... être curieux de tout, laisser toutes les portes ouvertes et la magie des rencontres opérer pour susciter des vocations.
Revalorisation du baccalauréat et des filières professionnelles
Faire un choix d'orientation en conscience
L'objectif est que les élèves puissent, en faisant leur entrée au lycée, choisir leur orientation en conscience et trouver une voie qui leur apportera, à la fois, épanouissement et réalisation de soi.
Passer de l'élitisme à l'exigence
Si chaque pays a besoin d’une élite, la France souffre d’un élitisme aveuglant qui entraîne, chaque année, des jeunes vers un baccalauréat qui ne cesse de perdre de sa valeur. Il est grand temps de remplacer l’élitisme, marqueur social qui exclut et oppose, par l’exigence qui, elle, rassemble et offre, à chacun, la possibilité de se révéler.
Qui dit exigence dit, arrêter de niveler par le bas, de partir du postulat que nos jeunes ne sont pas capables de s’intéresser aux classiques, de maîtriser les règles de grammaire et d’orthographe, … qui ont pourtant bercé la scolarité de tant de générations avant elles. Ayons de l’ambition pour notre jeunesse ! Ayons foi en elle ! Elle est capable de tant si on lui en donne les moyens.
Redonner ses lettres de noblesse au baccalauréat
Qui dit exigence dit également revaloriser le baccalauréat. Tout le monde ne peut pas avoir de mention. Plutôt que d’entraîner tous ces jeunes, à bout de bras, vers cet objectif sans destination, aidons-les à trouver une alternative valorisante et valorisée avec des filières professionnelles et techniques d’excellence.
Reconnaître les filières professionnelles comme des filières d'excellence
Ces parcours sont souvent sous-estimés alors qu'ils offrent de nombreuses opportunités de réussite et de satisfaction professionnelle. Reconnaître leur importance pour bâtir des sociétés harmonieuses et complètes et créer des passerelles entre les apprentissages académiques et le marché du travail devient, plus que jamais, indispensable.
 Passer de l'égalité des chances à l'équité
De la même façon, l’équité doit remplacer l’égalité des chances pour tendre la main aux décrocheurs scolaires et aux jeunes issus de milieux défavorisés. L'école de la République ne peut pas laisser certains de ses enfants au bord de la route. Des mesures adaptées, spécifiques, ancrées dans les territoires peuvent contribuer à réduire les inégalités. Le milieu socio-culturel des élèves devient trop souvent le facteur déterminant de leur scolarité et donc de leur avenir. Notre système éducatif divise et accentue les différences. Si nous voulons réduire la fracture sociale dans notre pays, l'école doit revenir à sa vocation première : l'émancipation des individus.
Revoir la carte scolaire
La carte scolaire a renforcé avec les années le déterminisme social. La politique du logement et de l’éducation sont les deux faces d’une même pièce. Elles ne produiront aucun bénéfice à travailler avec des prismes différents. Plus de mixité sociale, c’est une école plus riche et plus juste qui permet à chacun de se confronter à l’autre, de le découvrir et de s’enrichir de ses différences. Le vivre ensemble ne se fera qu’à cette condition !
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Les temps sont certes difficiles et les budgets contraints mais investir dans l'éducation, c’est investir dans l'avenir de notre nation tout entière, c’est retrouver une terre d’égalité. Ce n’est que lorsque l’école de la République aura retrouvé sa faculté à donner un enseignement de qualité à tous ses enfants pour leur offrir un avenir à la hauteur de leurs talents et de leurs ambitions que la France pourra, à nouveau, arborer fièrement sa devise « liberté, égalité, fraternité ».
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